Comme le nom de l’auteure l’indique : elle ose et réussit un roman foisonnant, et comme pour démentir un deuxième sens : son sujet se montre riche en péripéties et son style florissant. Tout tourne de façon vertigineuse autour du crâne de Goya au sujet duquel la narratrice, Camille Cambon, reçoit un courriel qui l’invite à en savoir plus… Or, elle est la fille de celui qui a commis un essai sur le peintre aragonais et la disparition de ce fameux crâne dérobé à Bordeaux où il fut inhumé. Par petites touches, le récit mêle habilement la monographie du peintre, les biographies croisées du père, médecin légiste (comme l’est devenue sa fille), de la mère généraliste et d’un oncle, neurologue célèbre pour ses livres sur le cerveau. Le roman prend, tour à tour, des couleurs psychologiques dans les rapports matrimoniaux, filiaux et professionnels au sein de l’hôpital public, des couleurs fantastiques et mystérieuses lors, par exemple, d’une descente dans des catacombes, enfin des couleurs érudites à propos du passage de la peinture du XVIIIème au XIXème siècle – le tout traité non sans humour… Bref, il y en a pour tous les goûts dans ces Alchimies qui nous enchantent !