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Notre lecture

Il y a une jolie fleur non loin de Tirana

Un soir, une femme battue tremble à l’arrivée de son mari et se cache dans les toilettes : « L’homme avance en titubant, entre deux grognements il monologue (…) Bientôt il commencera à tambouriner, la cloison et la faible serrure n’y résisteront pas. » Mais cette fois-ci, elle lui a dérobé son revolver… Ce déroulement dramatique obéit à une mécanique de précision du style jusqu’au dénouement mortel. Cela serait chez nous un fait divers trop fréquent de légitime défense si la femme ne s’appelait pas Zilia et son mari Dardan et que ça ne se passait pas en Albanie où certaines familles appliquent encore le code d’honneur du Kanun : « C’est la loi : seul le sang des hommes lave l’honneur des clans. » Or, cette coutume archaïque dont s’est emparé déjà Ismail Kadaré dans un roman historique, « sert aujourd’hui d’alibi » pour s’emparer des biens d’autrui : « Tout n’est qu’affaire de mensonges parés des oripeaux du vieil honneur. » Les événements se précipitent : elle se réfugie chez son frère, Hamza, menacé donc au premier chef, lequel l’embarque dans une cavale, menée tambour battant, jusqu’à chez un vieil ami. Afin d’échapper à un identification rapide, elle se fait appeler Lulje qui signifie « fleur » en albanais. Alors qu’Hamza part chercher un moyen de sortir d’Albanie, sa sœur rejoint un groupe de Roms pour ramasser et vendre des déchets. Mais elle s’aperçoit que la décharge est contrôlée par la police municipale pour orchestrer le trafic de la camorra italienne. Comment ne pas songer aux enquêtes reportages de Roberto Saviano ? La force et l’efficacité de ce roman sont de maintenir un suspens tout en démontant un système économique et politique dans un contexte social montré avec empathie. Voilà un court roman qui en dit long !