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Notre lecture

Le Trésorier-payeur

Parler de la richesse d’un roman n’a jamais été aussi approprié à ce titre qui le doit à ce personnage réel de la banque de Béthune, transformée aujourd’hui en atelier d’art contemporain. Il avait fait creuser un tunnel entre sa maison et la salle des coffres ! A partir de ces lieux, se construit l’itinéraire fantasque d’un jeune philosophe qui se convertit à la finance en pleine période du capitalisme sauvage jusqu’à la crise des « subprimes ». Que le héros fictif  de cette aventure emprunte son nom à Georges Bataille n’est pas un hasard. Il évoque plus particulièrement l’auteur de La Part maudite, essai écrit en 1949 où l’auteur place le chœur de l’économie dans la dépense. Ce banquier, peu ordinaire, a envie de tout dépenser et de tout donner, particulièrement aux surendettés dont il doit s’occuper et qu’il accueille chez lui. Il se donne tout autant à Annabelle, « libraire rimbaldienne » puis à « l’amour de sa vie », Lilya Mizaki dentiste ; tous les jours, après son travail, il se rendra dans sa salle d’attente pour l’embrasser après le passage de son dernier patient. Ainsi, voue-t-il sa vie à la charité, à l’érotisme et à l’amour pour échapper au monde capitaliste. Mais la vertu de ce roman est une lutte contre l’austérité à laquelle le pouvoir convie les anciens mineurs de cette région déshéritée en employant les armes de la dérision et du fantasque comme cette visite de Ronald Reagan dans les caves de la Banque de France ou cette obsession du héros qui voit se dessiner dans son tunnel les dessins de la grotte de Lascaux, chère déjà au vrai Georges Bataille ! Voilà un roman qui nous invite à partager ces lectures implicites sans oublier Le Banquier anarchiste de Pessoa ou le film de Costa Gavras Adults in the room qui nous montre, par l’exemple grec, comment les pays riches se servent de la dette des pauvres pour s’enrichir.