- Emma Doude van Troostwijk
- date de publication : janvier 2024
- éditeur : Les Editions de Minuit
- Littérature
Le titre est la traduction littérale d’une expression néerlandaise qui correspond, en français, à ceux qui ne tiennent qu’à un fil. Après un an d’étude de comédienne, la narratrice regagne le village de Gunsbach (où Albert Schweitzer était pasteur) dans la vallée de Munster, et y retrouve le presbytère de son enfance qui « n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat ». Mais, ici, il n’y a pas de mystère. Y vit une famille de pasteurs dont elle nous brosse des portraits au pastel emprunts d’émotion et de délicatesse : « Devant moi, le dos de mon père est assoupi. Les bras étendus contre la pile d’ouvrages à lire, la tête écrasée sur la page 222 de la Bible, il ne pense plus. Il se repose. Doucement, j’enlève les lunettes du bout du nez. Replie les branches. Presse les lèvres sur le front dégarni. Mon père a l’odeur de l’enfance. » Elle ne contrarie pas son grand-père dans ses errances et ses propos : « Il tourne son visage vers le soleil, me prend par la taille. Il dit, regarde ma chérie, regarde, la mariée va arriver. Je lève la tête. Je tends ma main droite vers mon grand-père, fais une révérence… ». Ainsi sont passés en revue le frère qui va bientôt être ordonné, la mère qui officie encore et des fidèles voisins. Filent alors les souvenirs comme des fulgurances et des moments de grâce parmi ces fantômes d’un autre temps qui nous fascinent. Ce texte, par petites phrases, en petites touches, tout en nuances et impressions, ne peut qu’embobiner les passionnés de poésie…