La veine autobiographique de Gisèle Bienne semble intarissable et n’a de cesse de nous surprendre. Ici, une petite fille de douze ans se prend d’intérêt puis de passion pour le stade de Reims alors à son apogée nationale et mondiale. Les passeurs de ce virus sont son père, paysan la semaine et arbitre de foot le week-end,  et ses deux frères, footeux d’occasion, qui font plus de cent bornes pour « supporter » ce club mythique, mais personne ne songe à y associer une gamine qui se contente alors de suivre les reportages radiophoniques à deux voix pour décrire les déplacements astucieux des joueurs et apporter des commentaires épiques sur leurs exploits. L’intérêt de cette relation (dans les deux sens du terme) est de nous exposer une expérience personnelle pleine de sensibilité, de malice et d’esprit dans un milieu de mecs. Outre cet engouement de jeunesse qui perdure encore, l’auteure épingle quelques épisodes de ses idoles, particulièrement Piantoni, Just Fontaine, Colonna et Kopa qu’elle rencontrera plus tard. Elle évoque aussi la brève percée de son petit frère Julien comme gardien de but dans un centre de formation et nous révèle la biographie de celui qui a laissé son nom à ce stade : Auguste Delaune. Un petit ouvrage de grande dame !