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Notre lecture

Au printemps des monstres

Cet ouvrage, comme le précédent (La Serpe), produit en 750 pages un effet siphon sur le lecteur qui se laisse emporter, emballer, entraîner dans le tourbillon d’une affaire infernale jusqu’à un engloutissement retentissant qui le sidère, le convainc et l’absorbe.

Les faits : à Paris dans le 18ème arrondissement, au printemps 1964,  le petit Luc Taron, enfant « d’une famille modeste et instable » est enlevé puis retrouvé assassiné le lendemain dans le bois de Verrières. Durant un mois, celui qui signe XXX puis L’étrangleur adresse aux médias, à la police et aux parents des lettres ignobles comme cette menace qui vise le père, assortie d’un dessin avec une tête de mort : « BIENTÔT TON TOUR ! ». Arrêté, après avoir déposé une plainte pour le vol de sa 2 CV (dont parle l’étrangleur),  Lucien Léger se révèle un homme ordinaire : infirmier, mari d’une femme souvent en H.P. Mais, bientôt, il revient sur ses aveux, prétend connaître le coupable mais ne pouvoir révéler son nom !

L’auteur, s’appuyant sur la lecture d’une enquête parue en 2011, passe quatre années à reconstituer cette histoire par le menu (et quel menu !) pour nous amener à partager une forte présomption sur un autre personnage et son entourage peu recommandable. Il se rend compte que, dans cette histoire, « aucun (personnage) n’est ce qu’il a l’air d’être ou ne fait ce qu’il a l’air de faire ». Il ne cache pas parfois son désarroi : « J’en ai marre, tout est possible, presque tout est crédible, presque rien n’est probable et jamais rien n’est sûr. » Cependant il ne manque pas de méthode : « on peut (…) dissocier quatre catégories dans (les) déclarations (de Lucien Léger) : ce qui est vrai ; ce qui est peut-être vrai, ce qui est faux mais qu’il croit vrai : ce qui est faux et qu’il sait faux ».

Comme pour ajouter une touche de légèreté et s’impliquer humainement dans cette sinistre affaire, il nous fait part, au cours de ses investigations ici et là, de ses maux de dents, d’une opération cardiaque, de ses états d’âme, de touches biographiques qu’il partage avec certains personnages, comme avec Solange, femme de Lucien qui, en 1940, est « confiée à la paroisse catholique de Saint-Potin (c’est ma date anniversaire et je travaille à Voici, il n’y a pas de hasard – en fait)… »

Les amateurs de faits divers, d’affaires non résolues et de sérieux pris à la légère y trouveront leur compte !