- auteur : Iegor Gran
- date de publication : 08/09/2022
- éditeur : P.o.l
- pour les plus grands
La violence de ce pamphlet contre le Zombieland russe se montre à le mesure de la violence verbale de celui-ci à l’adresse du monde occidental, et militaire sur le peuple ukrainien. L’auteur, fils du dissident Siniavski réfugié en France, a gardé des liens avec sa famille et des amis, restés dans la Grande Russie. Il nous conte d’abord sa déconvenue et sa rage dès le déclenchement de l’opération spéciale sur le territoire ukrainien face à la réaction de ses proches : Anna, une amie intellectuelle de longue date, lui lance : « Il est possible que l’on me classe un jour du côté des salauds assoiffés de sang (rires…), je me console en me disant qu’auprès de moi se tient le peuple. » Sur les réseaux sociaux, il glane des témoignages affligeants tels que ceux de ces mères qui se refusent de croire leurs fils sur place, lesquels prétendent ne pas rencontrer de nazis ! De nombreux autres exemples manifestent soit un refus en ne voulant ni voir, ni entendre ni parler de ce qui se passe, soit un déni qui défie les sens : devant la photo de son fils en guenilles, gelé, mort, avec l’appui d’une amie, elle refuse de reconnaître son Boris dans un tel état car un soldat russe garde de la tenue ! Mais un coup de téléphone du ministère mettra fin à son illusion. Ensuite, l’auteur explique et analyse cette déconnexion avec la réalité, préparée de longue date par un travail de sape des médias transformés en zombocaisse. Seulement, ces fake-news sont si grossières (comme la manipulation du code génétique, pendant le covid, par des savants américains en lui greffant un ADN slave !), qu’on se demande pourquoi ils se zombifient de la sorte alors qu’ils ont encore facilement accès aux réseaux internationaux… Cet ouvrage nous fait comprendre le fonctionnement de ce mécanisme de décervelage en revenant sur la propagande qui expose la supériorité de la culture et de la langue russe (qui serait à l’origine de toutes les langues, ancienne « thèse » défendue par Soljenitsyne !), accrédite le culte du plus fort, du plus riche et du chef, montre peu de cas pour la vie humaine, révise l’histoire de son empire et de ses tsars, y compris Staline !!
En dernier lieu, l’auteur ne manque pas d’incriminer aussi bien la naïveté et l’aveuglement de l’Occident que « les soutiens récompensés » de responsables économiques et politiques occidentaux, notamment en Allemagne et en France. L’intrusion de la propagande poutinienne s’est faite aussi sous forme cultuelle et culturelle par le financement d’églises orthodoxes russes et de monuments pour « célébrer l’amitié franco-russe ». Notre région s’y est particulièrement illustrée en 2014, juste après l’annexion de la Crimée, avec l’érection de trois obélisques à Bergère-les-Vertus, à Fère-Champenoise et à Reims en présence de nos édiles, de l’ambassadeur Orlov et du ministre de la culture Vladimir Medinsky, devenu porte-parole de Poutine dans le conflit ukrainien…