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Notre lecture

Tant de neige et si peu de pain

Le titre de cet ouvrage est tiré d’une phrase des carnets de Marina Tsvetaeva : « Oh mon Dieu ! il y a tant de neige cette année ! Tant de neige et si peu de pain ! ». Le récit court de 1919 à 1922 à Moscou en pleine guerre civile entre les Rouges et les Blancs. Sous les rigueurs de l’hiver, la famine sévit : « De cette année 1919, elle (Marina) a gardé la sensation de journées froides et d’un quotidien chaotique et absurde, de courses dès cinq heures du matin pour ne pas manquer la ration de lait à laquelle elle a droit. » Sa petite fille Irina a deux ans et demi. Son amie Lidia garde ses enfants pendant qu’elle recherche de la nourriture ou des médicaments quand ce n’est pas l’inverse. Ainsi l’auteure nous entraîne dans un conte halluciné et cruel, digne d’Andersen, en même temps qu’elle imagine l’état d’esprit et les états d’âme de la poétesse ; ceux-ci sont émaillés de citations de ses carnets, de ses poèmes et de réflexions de sa fille aînée Alia, âgée de sept ans. A bout de force et de nerfs, elle se verra face à un dilemme : doit-elle abandonner ses enfants à l’orphelinat pour assurer leur subsistance ? Sa relation fusionnelle avec Alia va-t-elle porter préjudice à Irina, retardée mentale ? Retrouvera-t-elle son mari Sergueï Efron parti avec l’armée blanche ? Des souvenirs heureux passés avec sa famille en Crimée tempèrent les affres du quotidien qu’elle et sa fille illuminent aussi de leurs vers : «  – Que nous arrivera-t-il quand finira le bois ? / – Le bois ? Mais un poète a toujours / En réserve des paroles de feu ! » L’écriture de Béatrice Wilmos restitue avec justesse et subtilité la tourmente d’une époque, l’angoisse, le désespoir et l’opiniâtreté de Marina face à l’adversité que son écriture transcende : « Ecrire, c’est vivre, c’est vouloir que quelque chose sorte, et sorte, peut-être de manière éternelle. »