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Notre lecture

Simone

En 2016, paraissent les Lettres à Simone Kahn (1920-1960) aux éditions Gallimard. Celles de Simone n’y figurent pas pour la simple raison qu’elles ont disparu. C’est pourquoi cette entreprise romanesque restitue, entre autres, le point de vue féminin de cette relation amoureuse qui commença par un mariage sur la demande d’André Breton et finit par un divorce huit ans plus tard en 1929. En 1928, celui-ci lui écrit : « Je veux la vérité absolue dans la vie. Et pas de complaisance de moi pour moi. » Et il ajoute en pleine tourmente de leur relation : « Il s’agit n’est-ce pas, de la passion. Le mot amour ne servirait ici de rien. Je ne veux pas me prêter à ces distinctions ridicules : l’amour passion, l’amour tendresse, l’amour pour l’amour, l’amour d’un être, l’amour de l’amour comme l’autre : la barbe. » Le commencement de leur histoire apporte, dans le roman, la lumière singulière de Simone, prise entre deux hommes : « Obsédée par un homme, sans l’aimer, c’était une chose qu’elle n’avait jamais connue. Elle ne comprenait décidément rien à son état. Tout se passait désormais comme si son cœur fût divisé en deux parts égales, l’une destinée à Voldemar (son fiancé), l’autre à Breton, ce tendre Breton. » Le roman nous entraîne alors dans la naissance effervescente du mouvement surréaliste avec la rencontre de personnes qui sont rentrées dans l’histoire littéraire et artistique.  Mais l’essentiel reste le déroulement subtil de cette aventure  amoureuse jusqu’à son terme : « Elle se sentit parasite soudain, passive, ignorante, inconsistante. Il avait beau lui dire qu’elle était lumineuse et qu’il n’avait été jusqu’ici dans le noir, elle souffrait insidieusement n’être que la femme de, la muse, celle qui vivrait par procuration. » Dans un questionnaire envoyé par Denise, une de ses amies, elle avait écrit à votre devise : « On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu’on aimera et l’autre moitié à quitter ceux qu’on aime. » C’est ce qui fait la trame de ce récit envoutant.