« C’était le 16 octobre 2013. Comme chacun sait, le professeur Carlo Maria Balestri a été accusé d’enlèvement, de torture, de meurtre et de recel de cadavres. J’avais vingt-sept ans, lui cinquante-neuf. Et je restais seul au monde. » Pourquoi un anthropologue renommé, veuf, a-t-il séquestré trois fillettes dont une, Laura, a survécu dans un container de l’âge de 8 ans à 22 ans ! ? Ce roman n’a rien d’un thriller. Il expose le cheminement psychologique du fils, Lucas, qui va de la peur d’affronter une hérédité à un transfert de culpabilité. Il cherche dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence des moments, voire des événements, qui lui auraient échappé comme des signes et des indices, lesquels auraient pu lui éveiller quelques soupçons. Or, ses relations avec ses étudiants ont toujours paru exemplaires : « Entrer dans leur vie, ouvrir celle-ci à de nouveaux horizons. Cet homme au regard rêveur et sans délire égocentrique nourrissait l’esprit de nouvelles générations. » Lucas est suivi par « une analyste de génie » : « Vous êtes encore en train de vivre le traumatisme, fait-elle. Laura n’est pas la seule qui doit se réadapter à une vie normale. » Quand il se met à suivre la malheureuse victime errante de son père puis à entrer en relation avec elle sans jamais révéler son identité, Francesca, sa thérapeute, lui conseille : « Il faut que vous arrêtiez de la suivre (…) Laissez-la faire. Qu’elle se perde dans le monde. Vous verrez que les rechutes s’espaceront peu à peu… ». On apprend alors comment elle a du mal à réintégrer une famille qu’elle ne reconnaît plus et comment elle a pu survivre à son enfermement sans subir de sévices corporels. Elle cherche les raisons qui ont  ont pu motiver son geôlier :  « Le professeur Balestri veut de la main-d’œuvre pour son esprit fatigué par une vie d’étude ; il ouvre chez Laura des pages fraîches. » Le miroir brisé de ces  jeunes égarés se transforme en puzzle pour se reconstituer. Une sorte de complicité et de répulsion mutuelles entre eux et ce père tortionnaire les aideront-ils à entrer dans une nouvelle vie ? L’auteur italien, dans ce premier livre, nous donne avec retenue et sensibilité une leçon sur la solitude, l’enfermement et la liberté pour se réapproprier son destin.