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Notre lecture

Commencements

« Laisse courir habilement sa plume pour raconter n’importe quoi », telle est l’appréciation du correcteur de sa copie de français au Bac qu’elle n’aura jamais ! Eh bien, ce grand n’importe quoi ébranle ici les Commencements d’une jeune fille dérangée, autrement dit qui dérange les bonnes mœurs et le bon goût en matière artistique. Elle revendique une enfance avide de lectures tous azimuts ; elle en gardera, sa vie durant, une soif inextinguible de découvertes artistiques avec l’insolence d’une virginité intellectuelle en la matière qui l’entraînera dans des aventures amoureuses et  esthétiques, indissociablement liées : « je désirais seulement être là où les choses se passaient. » Les tableaux monochromes d’A. Reinhardt (1913-1967) provoquèrent son premier éblouissement comme un magma matriciel d’où  naîtra sa réflexion sur les Objecteurs, les Nouveaux Réalistes, Support-Surface et tous les mouvements autour de l’abstraction et l’art conceptuel. Encore mineure, on l’envoie couvrir nombre d’expositions à Paris, Düsseldorf,  Venise, New York car elle bénéficiait, du fait de son jeune âge,  de réductions ! Ainsi se donne-t-elle corps et âme, au hasard des rencontres, aux hommes (de Daniel Templon à Jacques Henric) qui l’introduisent dans ce monde de l’art; elle estime que celui-ci « reste l’un des milieux, sinon le seul, où se croisent sur un plan d’égalité des personnes dont les niveaux de vie sont sans commune mesure ». Après avoir fait des piges pour les Lettres françaises d’Aragon puis pour d’autres revues d’art reconnues (Chroniques de l’Art Vivant etc.) ou éphémères ( Flash Art etc.), elle  créera Art Press qui reste une revue de référence incontournable. Si vous voulez découvrir ou revoir les travaux d’artistes comme ceux de Joël Kermarrec, Klasen, Raynaud, Arman, Boltanski, Le Gac, Klein, Warhol et bien d’autres, si vous voulez  découvrir ou revoir cette époque des années 70,  il est indispensable de passer par ces Commencements dont vous partagerez l’intérêt de l’auteure : « J’étais sincèrement intéressée par ces artistes qui ne représentaient plus la réalité, mais plutôt la mettaient en crise, ou qui prenaient pour sujet d’étude l’art lui-même. » De plus, vous épouserez sans complexe la sensibilité et l’intelligence de Catherine Millet dans cette expérience : « J’avais été façonnée par la foi, celle-ci demeurait en moi où elle était chez elle, alors que Dieu n’y était plus. »