Pour ceux qui aiment offrir des orchidées et « faire cattleya » comme Swann sous la plume de Marcel Proust, je les invite à ouvrir ce précieux et délicat récit dont la saveur poétique se double d’un savoir étourdissant sur cette fleur.

Après une enfance empreinte de déceptions, Sylvain tombe sur la boutique d’un  vieux fleuriste qui l’embauche comme factotum, puis grouillot et lui fait partager peu à peu sa monomanie avant de lui céder cette affaire prospère sise au Palais-Royal. Parmi les 30 000 variétés de cette fleur, il nous explique leur culture et ses choix en nous apportant ses connaissances de botaniste qui, du même coup, enrichissent notre vocabulaire (spathe, hémolymphe, protocorne, gynostème…). De plus, il évoque quelques prédecesseurs passionnés comme William Cattley et Darwin puis il nous livre une galerie de portraits typiques de ce milieu fermé, passant d’un pastel plein de sensibilité à propos des horticulteurs à la caricature pour de riches clients tout en restant sur la réserve car « il ne faut jamais être aussi riche que les riches quand on veut leur vendre quelque chose ». 

Une certaine mélancolie plane tout le long de ce récit d’autant plus qu’il commence à en avoir « plein le dos » (au sens propre comme au figuré) et cherche la perle rare qui reprendrait la petite boutique des splendeurs…