Pour qui ne connaît pas René Daumal et a fortiori Le Mont analogue, son dernier récit initiatique resté inachevé, cet ouvrage est une invitation à multiples voix pour le connaître, le lire et découvrir Le Grand Jeu qui désigne un mouvement et une revue fondée en 1928 à Reims. Le titre désigne  un massif situé dans l’hémisphère sud qui se présente comme le pendant équilibré des montagnes de l’hémisphère nord. Mais sa particularité est d’être invisible et inaccessible au commun des mortels. Seuls, les alpinistes les plus riches financièrement et spirituellement pourront le gravir avec l’aide de ses gardiens. Le narrateur monte et dirige alors une expédition, comme sortie d’un conte de Jules Verne et de la mythologie hindoue en prenant une valeur symbolique.

Outre le roman lui-même, ce précieux volume présente les multiples facettes de cet auteur aussi discret qu’essentiel : l’article de Cécile Guilbert nous ouvre et nous éclaire La chambre royale de René Daumal à l’orientalisme ésotérique. Billy Dranty évoque le Daumal alpiniste qui, de 1927 à 1943, ne rechignera jamais aux efforts physiques malgré la tuberculose qui l’emportera en 1944. Boris Bergman explore L’Infini inachevé de son ultime récit, concluant ainsi :  « Le Mont Analogue agit en nous du dedans. Il nous laisse libre d’arriver à nos sommets intérieurs. Il nous offre une liberté absolue. Et le manque n’est pas un simple trou qu’en rebouchant on finit par combler. Le manque devient une invitation à la quête. » Enfin, comme un écrin qui enchâsse ce conte, on découvre des lectures, des essais et des œuvres picturales et photographiques commis par des artistes complices du Grand Jeu comme Maurice Henry ou Sima, et des artistes du XXème siècle connus comme Jodorowski, Raymond Hains et moins connus comme Bibi Manavi, Daniel Pommereulle dont on pourra découvrir les œuvres au FRAC de Reims jusqu’au 23/12/21.

Nota bene : La librairie La Belle Image possède en permanence nombre d’œuvres des auteurs du Grand Jeu ainsi que des études et des revues à leur propos.