Sous-titré « mémoires d’un village meurtri », ce récit part d’un fait divers : en 1978, « quand on retrouve les petites, elles n’ont plus de sang aux joues. Autour de l’étang l’agitation grouille, les chiens, à bout, vont et viennent, la queue frétillante. Quand on les a remontées, elles se tenaient encore par la main, malgré les heures et les jours égrenés depuis leur disparition. » L’auteure et narratrice décide de mener une enquête pour éclaircir des rumeurs parties d’un EHPAD proche où des pensionnaires prétendent avoir vu les fantômes des deux petites filles. Si la plupart de ceux-ci et les gens alentours accréditent ces phénomènes surnaturels, personne ne se souvient de ce qui s’est alors vraiment passé. L’auteure se penche sur les journaux et les rapports de police de l’époque sans grand succès, décrit en un tableau impressionniste cette région de la champagne pouilleuse, sonde le caractère des habitants en les interrogeant, révèle certains détails sur le comportement de gens présents au moment du drame, bat en brèche un mur de silence et révèle enfin une vérité stupéfiante qui dépasse l’imagination propre à la fiction ! L’originalité de ce récit tient à un entrecroisement subtil des veines journalistique, sociologique, psychologique, fantastique et même surnaturelle ! On pense à la première phrase du Pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel : «  il y a dans le même pays plusieurs mondes véritablement ».