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Notre lecture

Le nom sur le mur

A priori, rien à voir avec la fiction de « L’Anomalie » sinon le nom de l’auteur passé à la notoriété grâce au prix Goncourt décerné en 2020. Or, l’auteur s’emploie ici à redonner vie au nom sur le mur qu’il voit gravé sur la façade de sa résidence secondaire  pour le retrouver sur le monument aux morts de Montjoux : « CHAIX ANDRÉ (mai 1924-août 1944). » Les éléments biographiques qu’il trouve sont minces : fils de boulanger, apprenti ouvrier aux céramiques de Dieulefit, il s’engage comme résistant dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI) et trouve la mort dans un accrochage avec une colonne de la Wehrmacht. Cet ouvrage singulier ne se veut pas un énième récit historique et encore moins une fiction nourrie d’une réalité : « Il m’aurait paru obscène d’inventer ». Mais d’une boîte de bonbons laxatifs, appartenant à la famille, il va extraire une carte d’identité, un tract de la Résistance, des lettres et une dizaine de photos. Ces traces « précieuses et minuscules » vont l’amener à une réflexion sur sa propre vie : « André se place pour moi à mi-distance entre l’image d’un père et la réalité d’un fils ». Il se souvient, par exemple, du suicide de sa fiancée, Piette, en 1977, à l’âge de vingt ans comme André pour mieux comprendre la douleur des parents. De l’empathie, il passe à ses propres angoisses : « Je n’arrive pas à penser la mort, ma mort, à l’apprivoiser, à donner enfin un sens à une vie qui n’en a pas. J’ai dû espérer qu’un livre respectueux, honnête et pudique sur ce jeune homme et ce que je crois savoir de lui comme de moi serait une borne sur ce chemin ». Avec cette approche intime, il se pose l’interrogation d’un connivence possible ou non sur le courage de l’engagement dans ce contexte fasciste d’une étonnante actualité  où « la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l’égoïsme et l’abject ». Le lecteur est ainsi invité à un va-et-vient entre l’émoi et le moi.