Le titre désigne un hôtel Art déco, à Moscou, qui accueille normalement les hôtes étrangers de marque. Or, de 1936 à 1938, des intellectuels allemands, espagnols et sud-américains s’y retrouvent relégués dans l’attente de leur sort. Leurs fenêtres donnent sur la Loubianka où sont orchestrées les grandes purges… L’auteur s’inspire des carnets de sa grand-mère Charlotte Germain, qui logeait dans une chambre luxueuse avec son mari Whilem. Ces membres du service secret du Komintern sont en pleine expectative devant la révélation de ce vaste complot autour de Zinoviev et consorts : «  Est-il possible que tous soient devenus fous, que tous soient de mèche, tous aveugles et qu’elle seule, la petite Lotte de Berlin-Seglitz, soit la seule à y voir clair. C’est ridicule. Prétentieux. Est-elle une mauvaise camarade ? Manque-t-elle effectivement de conscience de classe ? D’instinct de classe ? » Des groupes se forment et se délitent au grès de disparitions nocturnes. Ils côtoient des artistes étrangers invités en grandes pompes. Le président du tribunal des Grandes Purges vient à loger près de leur chambre. Leurs conditions de vie fluctuent selon de mystérieuses directives. Ils découvrent la dure vie quotidienne des Moscovites. Elle passe son temps à écrire des lettres à des responsables : « Je ne peux croire que l’intention du Parti ou votre intention soit de nous condamner à une lente mort morale… », tandis que le mari épluche à la bibliothèque les journaux sans y voir plus clair. « La chambre devient à présent l’extension de son cerveau. » Ces héros kafkaïens découvriront-ls la Vérité ?