L’originalité de ce roman tient à la fois d’une sombre vision de la Renaissance et de son écriture délicieusement surannée. Le narrateur anonyme, jugé sûrement hérétique, croupit dans une de ces cellules du château Saint-Ange qui jouxte le Vatican. Durant son court et funeste séjour, il y découvre de « curieux dessins, obscènes et dangereux » (…) « à la pierre noire », composés d’une série de portraits hallucinés et d’architectures souterraines. L’auteur méconnu serait un certain Niccolò da Castel Sant’Angelo qu’une lettre du philosophe Platine décrit ainsi : « Ce pauvre fou est né en prison et il n’en est jamais sorti (…). Il a peut-être vingt-cinq ans maintenant mais ses malheurs lui ont donné l’aspect d’un quadragénaire. » Il traversera ainsi treize pontificats successifs ! Outre l’évocation de son obscure destinée où interviennent des personnages fictifs et réels s’incruste en médaillon un conte médiéval. La lecture de cet ouvrage précieux nous entraîne dans les dédales d’une mine, construite à la Piranèse et faite d’intrigues plus ou moins sulfureuses, dont l’exploration invite à rencontrer des personnages de l’Histoire, de la peinture et de la littérature.