On connaît cet auteur comme un étonnant voyageur qui révèle une géographie nourrie d’Histoire. Or, cet ouvrage nous emporte singulièrement et littéralement sur le sentier d’une création de l’intimité perdue de son enfance : « Je ne suis plus journaliste, dis-je. Le livre que j’écris porte principalement sur les déformations de la mémoire, les maladies du souvenir. Je veux simplement connaître l’après. » Le titre fait référence à un fait divers dramatique alors qu’il était âgé de quatre ans et demi : le 2 janvier 1949, au retour d’un match de foot, dix-huit joueurs de son village ont trouvé la mort dans un accident de voiture. En contextualisant un lieu à une époque définie (plus précisément en Mayenne dans les années d’après-guerre), l’auteur tisse une toile autobiographique aussi précieuse que précise. Il peint des paysages et des portraits, tout en nuances, de famille, de villageois, d’amis et d’éducateurs essentiellement religieux auxquels il rend un hommage émouvant. S’y mêlent des correspondances et des résonnances surprenantes avec sa vie de journaliste comme, par exemple, sa nostalgie de pensionnaire où l’ennui libéra son imagination et permit à l’otage qu’il fut de mieux supporter son incarcération : « Celui qui raconte n’est plus le même. J’ai conscience que je me livre à une relecture de mon passé pour qu’il entre en conformité avec le présent. » Gageons que le lecteur partagera avec bonheur et curiosité cette invitation à un voyage dans le temps plein d’enchantement.