On pourrait penser que cet auteur, au vu et au su de sa popularité, se passerait fort bien d’un petit billet face à la manne faramineuse de ses gros tirages, traduits en plus de cinquante langues. Or, la présentation de ce roman en quatrième de couverture souffre d’un étonnant silence : le thème essentiel de cet ouvrage n’apparait point ! L’éditeur ménagerait-t-il une surprise à son fidèle public ? La vraie raison se trouve plutôt dans la réaction d’un lecteur déçu : « Mais c’est surtout le sujet qui m’a fait refermer le livre. Russie/Ukraine. Plus de deux ans que les médias d’information (ou de désinformation) surenchérissent de commentaires. Ajoutés à ceux plus anxiogènes les uns que les autres, tout est fait pour sabrer le moral. J’ai donc renoncé à suivre les informations depuis un bon moment et ne songe pas m’y replonger par le biais d’un roman ». Eh bien, nous retournons volontiers cet argument pour vous inviter à voir comment cet habile faiseur de romans à succès (garanti) soulève un point essentiel de notre Histoire contemporaine (l’exercice de la barbarie russe en Ukraine) en utilisant des ressorts dramatiques à dimension humaine. Qui sait qu’au moins 40 000 enfants ukrainiens ont été déportés en Russie pour être « rééduqués » ? Parmi eux, Marc Lévy a imaginé un petit garçon de 9 ans, Valentyn, frappé de mutisme mais extrêmement futé, qui se retrouve dans un soi-disant orphelinat en Crimée. Veronika, sa mère célibataire, infirmière, et Lilya, la sœur aînée, vont, chacune de leur côté et à leur manière, tenter de le ramener avec le concours de bonnes volontés ou malgré de mauvaises volontés, voire des collabos… Certes, Marc Lévy n’est pas un écrivain « engagé », mais son roman engage d’authentiques sentiments à travers des péripéties bien menées afin d’amener le lecteur à ouvrir les yeux sur un aspect des horreurs de l’actualité.