Dans une ambiance de thriller, on se retrouve au milieu de nulle part, dans un hameau dit de « l’Écart des trois filles » qui regroupe trois maisons : une ferme où habitent Bergogne, sa femme Marion et sa fille Ida, une maison occupée par une peintre reconnue de 70 ans et une habitation mise en vente. Tout ce petit monde se prépare à fêter les 40 ans de Marion non sans quelques difficultés et imprévus plus ou moins graves par lesquels on découvre les difficultés du couple ou l’inquiétude de leur voisine qui reçoit des lettres de menaces. A peine le repas commencé, les voilà pris en otages par trois individus dont l’identité va peu à peu apparaître avec, au final, leurs motivations.  Les lecteurs, familiers de cet auteur, retrouveront ici son thème récurrent du huis-clos, mais seront surpris par l’épaisseur de l’ouvrage (plus de 600 pages) et peut-être déroutés par une intrigue pleine de faux-fuyants ; le lecteur est soumis à de longues phrases ou monologues en tunnel qui rapportent, tour à tour, pensées, mouvements, sensations et sentiments des protagonistes enfermés dans une intrigue conventionnelle ainsi mise à mal. On est plus près de Faulkner que de Stephen King autant par le style que par le réalisme des situations. Ce récit horrifique sortirait-il d’un conte des Histoires de la nuit que lit la mère, tous les soirs, à sa fille ?