Délicieux n’aura jamais aussi bien convenu à un roman que celui-ci venu de Suède. Il ne s’agit pas d’un mille-feuilles mais de 300 pages quand-même ! L’auteure parvient à nous mitonner un roman biographique plein d’odeurs subtiles ou fortes et de sensations gustatives délicates ou piquantes sans oublier d’évoquer les rites culinaires qui vont du choix des ustensiles appropriés, de la manière de s’en servir suivant les ingrédients et de la présentation des plats jusqu’à l’art de mettre la table : « Ce respect pour l’alimentation au sens le plus élémentaire du terme, j’estimais que c’était une culture dont j’avais hérité. Ma mère et ma grand-mère avaient des idées bien précises sur ce qu’il fallait manger et comment le préparer, elles semblaient réellement passionnées, même si, d’après ce que ma mère m’avait raconté, l’intérêt de ma grand-mère pour la cuisine avait évolué avec le temps. » On n’échappe pas à quelques recettes qui reviennent non sans quelques accommodements comme le fameux riz au lait de la grand-mère ou le ragout pour le grand-père qui seront pour la petite fille autant d’essais plus ou moins réussis. Nous assistons à une transmission de l’art culinaire sur trois générations de femmes, une aventure pleine de tendresse mais aussi avec quelques heurts et déceptions pour la narratrice devenue mère. Les lecteurs gourmets et gourmands dégusteront cette petite farandole familiale avec les mêmes effets que « la madeleine de Proust ».