Voilà une histoire qui commence sur les chapeaux de roues, celles d’une vieille Golfette déglinguée d’un certain Stojan, « manifestement dans un état de délire avancé ». Il s’agit du cousin de la jeune narratrice envoyée par sa mère pour se rendre à l’enterrement de la tante Stana, morte étouffée par un os de poulet ! Ce décès donne ainsi la mesure ou plutôt entraîne la démesure de la folle absurdité de ce récit déjanté qu’appréhende la jeune fille : « Tout va bien se passer, me répétais-je intérieurement, même si je pressentais que rien, mais alors rien n’allait se passer comme je l’avais imaginé. » En effet férue de séries policières, la voilà embarquée dans des obsèques où se déchainent, dans un imbroglio familial bosniaque, furies et démons avec une seule et même idée en tête : hériter du magot supposé ! Ce voyage au bout de l’enfer, aussi loufoque que flamboyant, amènera le lecteur à suivre les rails déboulonnés de l’héroïne : « Je ne suis pas Hemingway. Soyons réalistes, en gros, je fais de la figuration dans ma propre histoire. (…) Qu’est-ce que je fais là ? (…) Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » Lâchez le volant d’une conduite intérieure confortable et laissez-vous emporter « dans le fossé » !