Comment ne pas être ravi qu’Europe consacre son numéro d’avril à celui que l’on a trop longtemps enfermé dans un rôle d’écrivain de littérature enfantine avec Le pays où l’on n’arrive jamais et considéré comme auteur ardennais relatant des légendes du cru. Deux familiers de La Route inconnue*, Philippe Blondeau et Michel Lamart, ont su solliciter d’autres regards pour restituer l’image d’un authentique homme de lettres qui a traversé le XXème siècle en contant des histoires sans faire d’Histoire et qui a gagné l’estime et aussi l’amitié de grands littérateurs comme Jean Paulhan, Maurice Blanchot, Maurice Nadeau, Georges Limbour, Henri Thomas, Philippe Jaccottet… A travers plusieurs articles, ce réajustement remet en question l’insistance sur son identité régionale, la réduction de son statut de romancier et la représentation de sa personne… Deux mises au point de lecteurs emblématiques donnent la mesure d’une distance et d’une approche de l’œuvre dhôtellienne : Hervé Carn nous invite à rester dans l’expectative face à l’évocation de lieux et de personnages banals confrontés à une réalité transfigurée dans Le Miroir du merveilleux, ce qui discrédite toute analyse tandis que Michel Lamart nous invite, de façon tout aussi convaincante, à la dissection minutieuse, analytique et érudite d’un seul ouvrage : David. Ajoutons que quelques poèmes, lettres et articles inédits mettent à vif son rapport avec la nature.

Grâce à ce numéro, les passionnés et les inaccoutumés de l’œuvre d’André Dhôtel sont sûrs de trouver leur conte !

* La Route inconnue, bulletin des Amis d’André Dhôtel sous la présidence de Philippe Blondeau.