L’auteur, qui se définit comme « critique interventionniste », nous entraîne ici, avec un panache d’érudition littéraire, cinématographique mais aussi scientifique dans une réflexion rimbaldienne à la puissance X : je se présente comme plusieurs autres simultanés ou alternatifs. Les exemples ne manquent pas tant avec les hétéronymes d’auteurs (jouant en double comme Gary/Ajard ou en plus grand nombre comme Pessoa) ou avec des personnages romanesques à plusieurs faces comme Jekyll et Hyde ou encore avec des cas cliniques comme la patiente de la psychiatre américaine Cornelia Wilbur qui menait plusieurs vies en parallèle à son insu. Pour savoir comment ces conduites singulièrement multiples pourfendent la trilogie freudienne (le moi, le ça, le sur-moi), expliquent (et non excusent) la notion de culpabilité, affichent des positions contradictoires, ne s’embarrassent guère d’un renversement d’opinion, remettent en cause, pour ne pas dire à plat, les contradictions de la société, bref pour savoir comment se retournent tous les champs d’expériences connus ou à explorer, le lecteur n’a plus qu’à se plonger dans cette somme qui exalte les neurones.