En 2014, l’auteur se rend à une rétrospective du Greco à Tolède pour le 400e anniversaire de sa mort. De là, il mène un enquête portant sur l’identité du modèle qui correspond au tableau du Greco intitulé La Main sur le cœur ou Le Chevalier à la main sur la poitrine. Sa  restauration révèle un personnage difforme, probablement mutilé et au pourpoint coloré. Plutôt que Juan de Silva, notaire du royaume d’Espagne, ne s’agirait-il pas de son homonyme cousin estropié  par les Maures ? Cette supposition donnerait un éclairage plus romanesque, mais moins austère et moins noble avec cet aventurier. Ce déplacement de point de vue est alors soumis à des spécialistes aux avis divergents ; c’est aussi ce qui lui donne l’occasion d’errances et de dérives dans les villes de Tolède et Madrid qu’il affectionne particulièrement, car celles-ci sont liées à des pérégrinations passées en compagnie de son ami Pierre Veilletet, grand reporter, Prix Albert-Londres, à la tête de Sud-Ouest, et romancier tardif aussi peu sûr de lui-même à l’écrit qu’érudit, lyrique et hâbleur dans ses conversations fascinantes ! La superposition de ces souvenirs sur les investigations artistiques mène peu à peu l’auteur à voir dans ce portrait son ami disparu, dans une ressemblance physique et morale avec leur soif d’une reconnaissance insatisfaite de la part de Philippe II pour l’un, et des critiques littéraires pour l’autre.

Ce récit mène à une réflexion sur un passé fugitif en Espagne, fait de paysages et d’histoire, dans un effet de miroir où les  personnages célèbres et communs se rejoignent dans une perspective improbable, flottante, envoûtante…