Les ouvrages de cet auteur ont le mérite de dévoiler des pages de notre Histoire apprises ou passées sous silence dans nos manuels scolaires comme 14 juillet (événement tourné en image d’Epinal) ou L’Ordre du jour (rencontre secrète d’industriels allemands pour financer la machine de guerre nazie). L’intérêt de sa démarche est d’aller à l’essentiel dans un style sec, souvent ironique et toujours impeccable pour démonter une mécanique socio-politique impitoyable. Ici, il nous montre et nous démontre que l’exploitation des ouvriers dans les sociétés de mines d’étain de Caobang, des Charbonnages de Ninh Binh et des usines Michelin dans l’exploitation du latex a mené, petit à petit, le petit peuple vietnamien à prendre les armes et à tourner cette guerre d’Indochine à leur avantage avec le dernier épisode de Diên Biên Phu où le général Henri Navarre a versé ses troupes dans une cuvette de boucherie. D’ailleurs, en prenant ses fonctions, il fit remarquer à René Mayer, président du Conseil, sa complète méconnaissance du terrain. Mais celui-ci lui rétorqua : « Justement, vous y verrez plus clair » ! D’autres anecdotes tout aussi savoureuses prennent un tour complètement surréaliste. L’autre intérêt de ce récit est de nous brosser une galerie de portraits d’hommes plus ou moins connus comme l’ignoble préfet Chiappe, le courageux Mendès France, le résistant déporté Edmond Michelet, ou passés aux oubliettes comme le clairvoyant député communiste kabyle Abderrahmane-Chétif  Djemad… Comme quoi l’Histoire nous réserve toujours des surprises qui invitent à la réflexion.